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mercredi, 01 janvier 2014

Le loup de Wall Street vu par Philippe Béchade

Le fameux "loup"(incarné avec brio par Leonardo di Caprio) ne s'est guère approché de Manhattan durant les trois heures de projection... et encore moins du bâtiment emblématique qui semble -- mais jamais Martin Scorcese ne le filme -- constituer le cœur de l'action. Il n'est question durant trois heures que de lampistes dont les bureaux sont implantés dans de lointaines banlieues de New York, d'escrocs pathétiques défoncés à la coke 25 heures sur 24 et 366 jours par an, ignorant l'existence des robots algorithmiques, incapables d'intimider un sous-fifre du FBI et encore moins de manipuler des juges fédéraux.

Pas grand'chose à voir avec les vrais loups surdiplômés qui garnissent les salles de marché situées en haut des tours les plus prestigieuses de Manhattan-sud. Martin Scorcese ne s'attaque ni aux traders sur produits de taux (et leurs nombreux dérivés), ni aux spécialistes des matières premières ou du carry trade sur devises.

Normal : ceux-là ne risquent pas d'appeler 99% des spectateurs au téléphone pour leur proposer un bon coup sur le dollar/yen ou des options sur volatilité... Le loup de Wall Street ne dépeint que des artisans de l'arnaque boursière qui s'en prennent d'abord aux petits épargnants.

Le film s'abstient d'évoquer ceux qui disposent des moyens de prendre en otage les épargnants d'un pays tout entier, de faire chanter la Fed, le Congrès US ou la Maison Blanche.   

Il est juste suggéré au début du film qu'une avidité sans limite gouverne le comportement des courtiers qui "réussissent". Ceux qui ont des états d'âme et qui ne succombent pas au culte du bonus ne font pas long feu.