Les équations impossibles : comment tout cela va finir ?
Décidément, le moins qu’on puisse dire, c’est que notre horizon énergétique national ne s’éclaircit pas, de par l’entêtement des nucléotechnocrates qui nous gouvernent et leur refus de prendre en compte la simple réalité, que je traduis en quatre « équations » :
- Une équation calendaire : les centrales nucléaires mises en service dans les décennies 70 et 80 arrivent au bout de leur durée de vie « programmée » (40 ans). La génération suivante, dite troisième (EPR), n’a vraiment pas fait ses preuves, dépassant toute prévision de délai comme de budget, et elle est encore loin de tourner et peut-être vaut-il mieux. Les miracles sont prévus pour les deux générations suivantes, la quatrième, le RNR-Na, renaissance du Phenix (réacteur à neutrons rapides refroidi au sodium), et la cinquième, réacteur à fusion, faisant respectivement l’objet des expériences ASTRID et ITER, ne seront en aucun cas disponibles avant 2040 pour la première, et 2070 pour la seconde. Comme le dit l’aphorisme : l’urgent est fait, l’impossible (EPR) est en cours, et pour les miracles (RNR-Na, nous vous demandons d’attendre demain… Mais le problème, c’est que l’urgent n’est pas fait. On part dans le grand bricolage, le « grand carénage », comme disent les marins, où on s’aperçoit que c’est la peinture qui fait tenir le bateau. Mais il faudra bien tirer du courant.
- Une équation financière : tout ceci va coûter très cher, des centaines de milliards d’Euros, entre le grand carénage et la mise en place de capacités de remplacement. Il ne restera plus de marges de manœuvre pour bien aller voir autre chose, au cas où, sauf à envisager des hausses de prix insupportables.
- Une équation économique : quelle que soit, de toute façon, la solution retenue du côté nucléaire, les prix de l’électricité vont s’envoler, quand on considère l’envolée des investissements dans des technologies de plus en plus sophistiquées, difficiles à maîtriser et donc coûteuses à mettre en sécurité. EPR ou RNR-Na, nous serons tout près des 150 Euros par MWh produit en 2025, alors que le vent et le soleil n’auront pas augmenté et bien au contraire leurs coûts d’investissement baissent dans les pays normaux. Qu’en sera-t-il alors de notre compétitivité.
- Une équation technique : On veut faire semblant de courir deux lièvres à la fois, le nucléaire et les renouvelables. Mais les instituts de recherche notamment allemands ont montré que la cohabitation sur un même réseau était impossible, à moins de se résoudre à mal utiliser les renouvelables. On a d’une part un processus de production qui ne permet pas les fortes variations rapides, et d’autre part des outils de production (éolien et photovoltaïque) qui peuvent varier de manière considérable dans un temps très court. Mais le papier ne refuse pas l’encre, et tant qu’on reste sur le papier, tout va bien…
Heureusement que nous avons, à la tête de l’état des spécialistes des équations et quelques diseurs de miracles… à la télé. Mais pour le commun des mortels qui demain risque de se trouver face aux conséquences de la non résolution de ces équations, par un bout ou par un autre, il ferait mieux de se méfier et de regarder ce qu’il peut faire, dans sa sphère de responsabilité. C’est toujours mieux que de regarder le chien crevé descendre au fil de l’eau. Le photovoltaïque, le stockage, le bois énergie, le solaire thermique, les pompes à chaleur aérosolaires, les multiples dispositifs d’isolation : il ne manque pas de solutions même à l’échelle domestique.
L’énergie juste !
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